Si gris.

Seule
face à l'inconcevable
l'enfer
Seule
face à l'inattendu
sa main
Le DIT pour un regard
Si gris.
( Rap__sodie pour une gamine à deux voix, un récitant et un chœur )
Elle est là
debout
Gamine
affreusement dénudée
Les mains sur ses seins
son ventre à la vue
son corps jamais chanté
tous ces yeux aveuglés
Ces voix de barbelés –
Qui déchirent
si grises
elle si seule
échos sur ces murs –
si gris
elle si seule
Tous ces corps qui
s'agitent invisibles –
si gris
Ton regard –
si gris
qui se perd –
si loin,
outre la vie –
Par delà l'usine mortelle
par delà la foule nue
par delà le gaz mortel
par delà les fumées terribles
Une plainte au loin,
si loin
que tu n'entends pas
Elle est là
debout
Gamine
affreusement pâlie
Les mains sur son ventre
ses seins à la vue
son corps jamais dessiné
tous ces yeux fermés
Ces ordres de barbelés –
Qui lacèrent
si gris
elle si seule
échos sur ces murs –
si gris
elle si seule
Toutes ces peurs qui
s'agitent inavouées –
si grises
Ton regard –
si gris
qui se perd –
si loin,
outre le monde –
Par delà l'usine mortelle
par delà la foule nue
par delà le gaz mortel
par delà les fumées terribles
Une présence au loin,
si loin
que tu n'entends pas
Elle est là
debout
Gamine
affreusement déchirée
Les mains sur son secret
son âme à la vue
son corps jamais admiré
tous ces yeux clôturés
Ces portes de barbelés –
Qui étourdissent
si grises
elle si seule
échos sur ces murs –
si gris
elle si seule
Tous ces cris qui
s'agitent assourdis –
si gris
Ton regard –
si gris
qui se perd –
si loin,
outre la foi –
Par delà l'usine mortelle
par delà la foule nue
par delà le gaz mortel
par delà les fumées terribles
Une tonnerre au loin,
si loin
que tu n'entends pas
Elle est là
debout
Gamine
affreusement glacée
Les mains sur son âme
son secret à la vue
son corps jamais désiré
tous ces yeux muselés
Ces uniformes de barbelés –
Qui clouent
si gris
elle si seule
échos sur ces murs –
si gris
elle si seule
Tous ces appels qui
s'agitent éteints –
si gris
Ton regard –
si gris
qui se perd –
si loin,
outre la croix –
Par delà l'usine mortelle
par delà la foule nue
par delà le gaz mortel
par delà les fumées terribles
Un chant au loin,
si loin
que tu n'entends pas
Elle est là
debout
Gamine
affreusement oubliée
Les mains sur sa vie
sa prière à la vue
son corps jamais caressé
tous ces yeux retournés
Ces silences de barbelés –
Qui affolent
si gris
elle si seule
échos sur ces murs –
si gris
elle si seule
Tous ces pleurs qui
s'agitent asséchés –
si gris
Ton regard –
si gris
qui se perd –
si loin,
outre le mal –
Par delà l'usine mortelle
par delà la foule nue
par delà le gaz mortel
par delà les fumées terribles
Une lumière au loin,
si loin
que tu n'entends pas
Elle est là
debout
Gamine
affreusement désarmée
Les mains sur sa prière
sa vie à la vue
son corps jamais aimé
tous ces yeux voilés
Ces gaz de barbelés –
Qui ensanglantent
si gris
elle si seule
échos sur ces murs –
si gris
elle si seule
Tous ces doutes qui
s'agitent infinis –
si gris
Ton regard –
si gris
qui se perd –
si loin,
outre la fin –
Par delà l'usine mortelle
par delà la foule nue
par delà le gaz mortel
par delà les fumées terribles
Un crucifié au loin,
si loin
que tu n'entends pas
Elle est là
debout
Gamine
souffle consacré
Les mains ouvertes
elle toute à la vue
son corps alors enlacé
tous ces yeux d'ailleurs
Ces mots d'amour –
Qui emmènent
si chauds
elle si menue
échos sur ces cieux –
si hauts
elle si menue
Tous ces chants qui
immaculent l'éternité –
si autres
Ton regard –
si profond
qui se donne –
si loin,
outre nous –
Par delà l'usine mortelle
par delà la foule nue
par delà le gaz mortel
par delà les fumées terribles
Une main toute proche,
si douce
que tu tiens soudain
Michel GUIDETTI
…( copyright ) michel guidetti 07 janvier 2009